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Typographie et Web : la solution Typekit

Typekit : Outil de gestion de fonte sur Internet

Nous assistons depuis quelques mois à une profonde transformation des usages typographiques sur le web. Les webdesigners ne sont plus limités à l’utilisation des polices websafe mais la gestion des licences des fontes est devenue une problématique centrale. Cet article présentera les solutions proposées par le site Typekit.

La typo et le web : un conflit d’intérêts ?

Le rendu typographique d’une page web dépend de multiples facteurs : les choix typographiques du webdesigner, le navigateur utilisé, le système d’exploitation, les préférences de l’utilisateur final etc.

Pour limiter la différence de rendu des pages web, les webdesigners ont longtemps opté pour des polices qualfiées de «Websafe» c’est-à-dire des polices présentes sur les machines des internautes : Arial, Verdana, Georgia, Helvetica, Tahoma, Lucida Grande, Lucida Console etc… Le site Codestyle a classé les polices en fonction de leur disponibilité.

En travaillant avec ces polices, les webdesigners gardent un maximum de contrôle sur le rendu final des pages qu’ils ont créé. Cependant, il est parfois frustrant de passer à côté d’un choix typographique qui semble coller parfaitement à la problématique soulevée par le client, par souci d’homogénéité du rendu final…

Des solutions ont donc été trouvées au fil du temps pour permettre aux webdesigners d’intégrer un plus large choix typographique dans leur processus de création. En général, ces solutions (Cufon, Typeface.js etc.) s’appuient sur Flash, Javascript ou encore PHP.

Chacune d’entre elles possède ses avantages et ses inconvénients mais voici les problèmes récurrents : texte impossible à sélectionner, référencement, sémantique, temps de chargement, compatibilité, respect des standards etc.

L’arrivée des CSS3 a considérablement transformé les moyens d’agir sur la typographie sur le web. La propriété «@font-face» a focalisé tous les regards. Avec cet outil, il est possible d’afficher une police dans un navigateur web même si celle-ci n’est pas installée sur la machine de l’utilisateur final.

Avec «@font-face», il suffit de placer votre fonte (le fichier de police) sur un serveur et d’indiquer le chemin dans votre feuille de style. Même si le travail de standardisation de tous ces nouveaux outils CSS3 n’est pas terminé, il est dores et déjà possible d’utiliser ces propriétés sur de nombreux navigateurs.

La solution est toute trouvée alors me direz-vous, plus besoin de chercher midi à quatorze heures, utilisons tous «@font-face» et ne nous limitons plus dans nos choix typographiques. En fait, cette solution extrêmement puissante pose deux problèmes majeurs :

  1. Comment gérer les droits d’auteur des fontes ainsi utilisées ?
  2. Comment protéger ces fichiers ? En effet, si j’ai accès à l’url du fichier, je peux le télécharger et l’installer sur ma machine (je vole donc le créateur de cette fonte)

il est aujourd’hui important de proposer des alternatives viables et faciles d’usage pour droits d’auteurs, comme il est possible techniquement avec le «@font-face» dans sa version brute.

Inutile d’être juriste spécialisé en droit de la propriété intellectuelle pour comprendre le problème qui se pose avec cette nouvelle solution…

Typographie et droit

Dans le droit Français, une police de caractères est protégée au même titre qu’un logiciel.

L’utilisation de l’un ou de l’autre doit se faire après l’achat d’une licence. Cette dernière n’est valable que pour un nombre défini de postes (un ou plusieurs selon les cas).

Exemple : Une entreprise qui souhaite s’offrir une nouvelle identité typographique devra acheter autant de licences que de postes informatiques sur lesquels sera installée cette fonte. A grande échelle, inutile de préciser que les coûts des licences sont globalisés.

Si vous vous demandez pourquoi est-ce si contraignant d’utiliser des polices de caractères, il faut savoir que leur conception demande énormément de travail aux typographes (des semaines, des mois voir des années). 

La seule source de revenu pour ces créateurs reste la vente de licences.

Vu sous cet angle, on comprend aisément que les fonderies portent un œil attentif à la question de la gestion des licences et à la protection des fontes.

La solution Typekit

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Typekit est un service web qui met à disposition un catalogue de polices commerciales afin d’élargir les choix typographiques des webdesigners.

Le but est de pouvoir proposer des pages web affichant des textes dans des polices qui ne sont pas forcement installées sur les machines des internautes.

Les polices proposées sont hébergées sur une centaine de serveurs éparpillés dans le monde entier. Le site assure une très bonne qualité de service et propose même un lien d’accès aux statistiques des serveurs typekit (ping et temps de réponse).

Typekit utilise la propriété «@font-face» pour permettre l’affichage de polices sur vos pages web. Oui mais nous venons de voir que cette opération est à la portée de n’importe quel webdesigner donc quel est l’intérêt ?

La valeur ajoutée se situe sur la gestion des licences et sur la sécurité. Les fontes sont sécurisées et il est impossible pour l’utilisateur lambda de les télécharger pour les réutiliser à son tour. C’est pour cette raison que de nombreuses fonderies (dont Porchez Typofonderie) collaborent avec Typekit et mettent à disposition une partie de leur catalogue aux utilisateurs de ce service.

Source : All for Design